Sarcome histiocytaire

Ce projet de recherche est une collaboration entre le CNRS de Rennes, les Drs. Patrick Devauchelle (Maisons Alfort) et JĂ©rome Abadie (Ecole VĂ©tĂ©rinaire de Nantes, ONIRIS) l’Association Française des Bouviers Suisses ainsi que des Ă©quipes amĂ©ricaines : les Drs E.Ostrander (NIH, Bethesda) et M.Breen (NCSU, Raleigh).

Le sarcome histiocytaire est une tumeur des histiocytes, cellules responsable de fonctions immunitaires . Cette maladie est rare chez le chien, cependant, certaines races prĂ©sentent une forte prĂ©disposition : le bouvier bernois (avec une incidence estimĂ©e Ă  prĂšs de 20%), le rottweiler, le golden retriever et le flat coated retriever. Le sarcome histiocytaire diagnostiquĂ© chez les bouvier bernois et le rottweiler, se caractĂ©rise gĂ©nĂ©ralement par le dĂ©veloppement de tumeurs dissĂ©minĂ©es dans plusieurs organes (rate, poumons, foie, nƓuds lymphatiques…). A l’inverse, chez le flat coated retriever, une forme localisĂ©e Ă  un seul organe (principalement les articulations ou la peau) est le plus souvent rencontrĂ©e.

Il n’y a pas de symptĂŽmes spĂ©cifiques en dehors d’une perte de poids, fatigue, anorexie avec parfois de la fiĂšvre, de la toux et des muqueuses pĂąles. Le diagnostic de certitude passe par la dĂ©tection de masses et de leur analyse histologique ou cytologique. L’age moyen au diagnostic est de 6 ans et demi, mais des chiens beaucoup plus jeunes ou plus vieux peuvent aussi ĂȘtre touchĂ©s. Enfin, aucune prĂ©disposition sexuelle n’a Ă©tĂ© observĂ©e.

Pour plus d’informations sur les symptĂŽmes et signes d’appel de cette maladie, consulter les articles suivants dans lesquels nous avons analysĂ© une centaine de cas de sarcomes histiocytaire chez des chiens français :

  1. André C, Abadie J, Hédan B, De Brito C,  Lagadic M, Poujade A and Devauchelle P. Proliférations histiocytaires canines : études épidémiologique, clinique et génétique de 100 cas de sarcomes histiocytaires chez le Bouvier Bernois. PMAC 2010 : Vol 45, 9-17.
  2.  Abadie J, HĂ©dan B, Cadieu E, De Britto C, Devauchelle P, Bourgain C et al., Epidemiology, Pathology and Genetics of Histiocytic sarcoma in the Bernese Mountain dog breed. J. Hered 2009 ; 100, Suppl. 1:19 – 27.

La forte prĂ©disposition raciale de cette affection met en Ă©vidence le caractĂšre gĂ©nĂ©tique de la maladie. Depuis plus de 7 ans, le CNRS de Rennes mĂšne une Ă©tude gĂ©nĂ©tique en collaboration avec le club des Bouviers Suisses français, mais aussi progressivement avec les clubs italien, suisse,  espagnol., belge.. Ce travail a permis de collecter de nombreux prĂ©lĂšvements sanguins et tumoraux de bouviers bernois atteints, mais aussi de chiens sains. GrĂące Ă  l’analyse d’un grand arbre gĂ©nĂ©alogique de plus de 300 chiens dont 150 sont atteints et au suivi des chiens ayant dĂ©veloppĂ©s ce cancer,  nous avons pu caractĂ©riser l’épidĂ©miologie, les signes cliniques et proposer un mode de transmission oligogĂ©nique de cette maladie ; oĂč seul un petit nombre de gĂšnes seraient impliquĂ©s (Abadie et al., J. Hered. 2009 ; AndrĂ© et coll. PMCAC, 2009). Comme pour les cancers humains, ces gĂšnes dit « de prĂ©disposition », sont nĂ©cessaires mais peut ĂȘtre pas suffisants : certains autres gĂšnes ainsi que des facteurs environnementaux interviennent Ă©galement pour moduler la gravitĂ© et / ou l’ñge d’apparition (en cours d’étude).

Pour rechercher les bases gĂ©nĂ©tiques de cette affection, nous collectons des prĂ©lĂšvements sanguins de chiens appartenant aux races prĂ©disposĂ©es (bouvier bernois, rottweiler, golden retriever, flat coated retriever) de façon Ă  en extraire leur ADN. Le but est de comparer les gĂ©nomes (ensemble des 38 chromosomes + XY) d’un grand nombre de chiens atteints et sains au sein d’une mĂȘme race, afin d’identifier les rĂ©gions chromosomiques contenant les gĂšnes impliquĂ©s dans le sarcome histiocytaire, et les mutations causales.

A ce jour, grĂące au millier de prĂ©lĂšvements sanguins et tumoraux collectĂ©s au laboratoire de Rennes, nous avons pu identifier plusieurs rĂ©gions chromosomiques qui contiennent, vraisemblablement, des gĂšnes impliquĂ©s dans le dĂ©veloppement de ce cancer. L’Ă©tape suivante de nos recherches est d’identifier ces gĂšnes et mettre Ă  disposition des tests permettant de dĂ©terminer le risque pour un chien d’ĂȘtre affectĂ© par ce cancer. Cela nĂ©cessite de trĂšs nombreux Ă©chantillons. Les prĂ©lĂšvements de chiens sains sont plus difficiles Ă  obtenir ; c’est pourquoi, si vous avez un chien ĂągĂ© (> 8 ans), sa participation Ă  la recherche par l’envoi d’un prĂ©lĂšvement sanguin (5 ml sur tube EDTA) est trĂšs importante.

Enfin, comme tout chien, les bouviers bernois, rottweilers et retrievers peuvent dĂ©velopper d‘autres cancers dont l’agressivitĂ© et le pronostic sont variables. C’est pourquoi le diagnostic histologique ou cytologique des masses identifiĂ©es est indispensable. Si votre chien est touchĂ© par un autre cancer (mastocytome, lymphome, mĂ©lanome
), sa participation Ă  ces recherches est aussi trĂšs importante. En effet, pour ces cancers rencontrĂ©s aussi dans d’autres races canines, des Ă©tudes sont menĂ©es afin de dĂ©terminer s’il existe un lien entre ces diffĂ©rents cancers et le sarcome histiocytaire.

Sur le plan de la mĂ©decine humaine, ces recherches sont importantes pour mieux comprendre la fonction des gĂšnes impliquĂ©s dans le dĂ©veloppement et la progression de telles tumeurs agressives. En effet, compte tenu de la si faible incidence de ce cancer  chez l’Homme, peu de donnĂ©es gĂ©nĂ©tiques sont disponibles. Par consĂ©quent, le chien reprĂ©sente un modĂšle spontanĂ© unique pour Ă©tudier la physiopathologie et les causes gĂ©nĂ©tiques des maladies.

Autres références bibliographiques:

  1. Malivier X, Lagadic M . Les désordres histiocytaires, Le point vétérinaire 2003 ; 241.
  1. Warmon J. Le diagnostic d’histiocytose maligne est sombre. La Semaine VĂ©tĂ©rinaire 2008. n°1298.
  1. Serre F. Lymphome et sarcome histiocytaire chez un bouvier bernois, Le Point vĂ©tĂ©rinaire, 2009 ; N° 301 :1 – 5.

Si vous souhaitez participer à ces travaux de recherche, veuillez nous faire parvenir pour tout animal (sain ou atteint):

  • un prĂ©lĂšvement sanguin sur tube EDTA
  • un questionnaire clinique avec autorisation de prĂ©lĂšvements
  • une copie du pedigree du chien (if possible and if available)

We remind you that the data collected at the CNRS are confidential.

For more information, you can contact the team by phone at 02 23 23 45 09 or by email cani-dna@univ-rennes1.fr.